Perspectives marché

Journée mondiale de l’environnement: la revente, nouvel horizon de la mode durable

June 5, 2025
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4 min de lecture

Paris, 5 juin 2025 – Dans un monde où l’urgence climatique ne peut plus être ignorée, la Journée mondiale de l’environnement remet une vérité au centre du débat : l’industrie de la mode doit évoluer. Et vite.

Alors que 76 % des consomateurs souhaitent une mode plus responsable, un paradoxe s’installe. Les intentions sont là, mais les comportements ne suivent pas toujours. C’est dans ce fossé entre idéal et réalité que la revente prend une dimension nouvelle : plus qu’une alternative, elle devient un pilier de transformation. Culturel, économique, et environnemental.

Une consommation plus lucide, mais pas toujours alignée

L’écart entre volonté écologique et pouvoir d’achat est devenu un fait sociologique.

« J’aimerais acheter uniquement des pièces éthiques, mais à 180 euros le jean, je finis par céder à une enseigne plus abordable », confie Léa, 31 ans.
Karim, 26 ans, nuance : « La seconde main me permet de rester aligné avec mes valeurs sans sacrifier mon budget. »

Ce que révèle ce double témoignage, c’est un arbitrage quotidien entre valeurs, budget, et style.

La revente ne vient pas en opposition au neuf. Elle complète l’offre existante. Elle permet :

-d'acheter des pièces mieux finies, plus durables, à moindre coût ;

-de réduire son empreinte carbone sans sacrifier son esthétique ;

-de retrouver du sens dans ses choix d’achat, au-delà de l’impulsion.

Autrement dit : la revente reconnecte désir, usage et conscience.

Vers une responsabilisation élargie des marques

Intégrer la seconde main à son business model n’est plus un supplément d’âme. C’est un changement structurel.

Les marques qui s’y engagent ne se contentent plus de produire : elles deviennent garantes du cycle de vie de leurs créations.

Cela implique :

-Concevoir pour durer (matières, coupe, finitions).

-Anticiper le retour produit (reprise, réparation, réintégration).

-Allonger la valeur d’usage au lieu de chercher la vitesse d’écoulement.

Le vêtement n’est plus un produit jetable. C’est un actif circulant, pensé pour vivre plusieurs vies.

Ce basculement redéfinit aussi le rôle de la marque : elle ne vend plus un article, elle crée un système d’usage durable, où l’achat initial n’est qu’un point de départ.

Moins de CO₂, plus d’impact : quand la mode allonge la vie

Le potentiel écologique de la revente n’est plus une hypothèse.

En 2024, les marques ayant structuré un programme circulaire ont permis d’éviter plusieurs milliers de tonnes d’émissions de CO₂.
C’est la conséquence directe d’une durée de vie allongée, d’un transport rationalisé et d’une production évitée.

Quelques repères :

-Réutiliser un vêtement plutôt qu’en produire un neuf permet d’économiser jusqu’à 80 % de son empreinte carbone.

-Un article revendu prolonge sa vie de 2 à 4 ans en moyenne, selon son usage.

Chaque vêtement réutilisé, c’est un pas de plus vers une industrie moins extractive et plus régénérative.

D’un tabou à un acte de bon sens

Il y a encore dix ans, la seconde main était perçue comme une solution de repli. Aujourd’hui, elle devient une nouvelle forme de style, de culture et d’affirmation de soi.

« Porter un vêtement d’occasion, c’était parfois mal vu. Aujourd’hui, c’est une preuve de goût », note Maud, 42 ans.
« Je préfère une belle pièce qui a vécu, qu’un vêtement neuf qui ne tient pas la saison », résume Hugo, 37 ans.

Chez les jeunes générations, mais pas seulement, le vécu devient une valeur, et l’ancien, un marqueur d’authenticité.
La seconde main n’est plus un compromis. C’est un choix éclairé, stylé, assumé.

Repenser toute la chaîne, pas juste le produit

La revente ne règle pas tous les problèmes. Mais elle oblige à tout revoir.

Car pour qu’un vêtement puisse circuler :

-il doit être bien conçu,

-bien entretenu,

-facilement transmissible.

Et cela oblige à transformer :

-la conception (durabilité, réparabilité),

-la logistique (collecte, tri, reconditionnement),

-l’expérience client (valeur perçue, suivi produit, SAV).

Ce n’est pas un détail. C’est une réinvention de l’écosystème de marque.

Conclusion : la mode ne disparaît pas. Elle change de rythme

Ralentir n’est pas renoncer. C’est choisir un tempo plus juste, plus durable, plus désirable.

La revente n’est pas une menace. C’est une réponse.

À la crise écologique.
À l’inflation.
À la perte de sens.

C’est une chance de redéfinir la mode comme un espace de culture, d’engagement, et de beauté, au présent comme au futur.

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