Perspectives marché

Réparer, revendre, recycler : et si c’était la nouvelle base du modèle mode ?

May 14, 2025
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5 min de lecture

Longtemps cantonnée aux friperies, la mode circulaire en Europe connaît aujourd’hui une transformation radicale. À la croisée des attentes des consommateurs, des pressions réglementaires et des enjeux de compétitivité, elle devient un levier stratégique majeur pour les marques. D’après l’étude menée par la Fédération de la Mode Circulaire avec KPMG, le marché global de la mode circulaire en Europe pourrait atteindre 31,3 milliards d’euros en 2030, répartis entre quatre piliers clés : éco-conception, réparation, seconde main et recyclage. Une révolution qui pourrait aussi créer plus de 88 000 emplois.

Mais cette dynamique ne s’arrête pas aux frontières de l’Europe. Selon le ThredUp Resale Report 2025, le marché mondial de la seconde main devrait atteindre 367 milliards de dollars d’ici 2029, en croissance deux fois plus rapide que celui de la mode traditionnelle. Aux États-Unis, il représentera 74 milliards de dollars, porté par une nouvelle génération d’acheteurs et de vendeurs qui place la seconde main au cœur de ses pratiques de consommation.

Une chaîne de valeur réinventée

Premier pilier : “Re-invent”, ou comment concevoir différemment. 80 % de l’impact environnemental d’un vêtement se décide dès sa phase de design. L’éco-conception, vêtements durables, mono-matériaux, réparables, n’est plus une option. Elle devient une nécessité stratégique. Cette approche permet d’anticiper les obligations futures comme le passeport numérique produit ou les exigences de recyclabilité, tout en renforçant l’image de marque.

Mais surtout, cette démarche jette les bases d’une relation durable avec le client. En créant des produits pensés pour durer, pour être entretenus et transmis, les marques investissent dans la fidélité à long terme. Un vêtement conçu pour vivre plusieurs vies devient une extension cohérente du discours de marque : responsable, pérenne, sincère.

Produire mieux, c’est aussi créer plus de valeur. Les articles bien conçus, durables et réparables permettent aux marques de dégager des marges plus solides sur le long terme, notamment grâce à leur potentiel de revente, leur cycle de vie étendu et leur capacité à être intégrés dans un modèle circulaire.

Seconde main, location : quand l’usage remplace la possession

Le pilier “Re-use” illustre la montée en puissance de la seconde main. Estimé à 26 milliards d’euros en 2030 côté Europe, ce segment séduit pour des raisons écologiques, économiques et stylistiques. Et les chiffres le confirment : en 2024, 58 % des consommateurs américains ont acheté de la seconde main, et 68 % des jeunes générations (18-44 ans) l’ont fait. Mieux encore, 56 % d’entre eux affirment que la seconde main est leur premier réflexe lorsqu’ils cherchent un vêtement.

La location, encore marginale, s’inscrit aussi dans cette dynamique d’usage. Elle répond à des besoins ponctuels (événements, maternité, sport), tout en élargissant l’accès aux marques.

Pour les marques, proposer une plateforme de seconde main, c’est prolonger la durée de vie de leurs produits tout en créant des points de contact supplémentaires avec leurs clients. Cela permet aussi de renforcer le lien émotionnel avec la marque, en valorisant chaque étape de la vie du produit. Offrir la possibilité de revendre, d’échanger, de racheter un article crée un cycle d’engagement qui dépasse la logique transactionnelle. C’est une nouvelle manière de nourrir la fidélité, de récompenser l’attachement à la marque et de réintégrer ses clients dans une dynamique active.

Réparer, un marché en pleine relance

Prolonger la vie d’un vêtement de 2,2 ans permet de réduire son empreinte carbone de 73 %. Le marché européen de la réparation devrait atteindre 3,7 milliards d’euros d’ici 2030, notamment grâce à des mesures comme le bonus réparation français. Aux États-Unis, 43 % des consommateurs disent qu’il est difficile de se débarrasser de vêtements de manière responsable, mais 57 % estiment que la revente en ligne leur a permis de mieux gérer ce processus.

Du point de vue des marques, proposer ou encourager la réparation est une façon très concrète de démontrer leur engagement. Mais c’est aussi une manière de renforcer la valeur perçue d’un produit : ce qui se répare s’inscrit dans la durée. Et ce qui dure, attache. Une pièce que l’on prend soin de réparer devient un objet chargé de sens, et le lien avec la marque qui l’a conçu s’en trouve consolidé. À l’heure où la fidélité ne se construit plus uniquement par la nouveauté, mais par la durabilité, la réparation devient un outil stratégique d’engagement client.

Plus encore, réparation et revente deviennent des leviers puissants de réengagement : elles offrent aux clients l’opportunité de reconsidérer leur relation avec la marque. En leur proposant une expérience post-achat valorisante, les marques créent des moments de contact utiles, émotionnels, et valorisants.

À cela s’ajoute une dynamique temporelle précieuse : plus un vêtement dure, plus la relation à la marque s’ancre dans le temps. Un vêtement que l’on garde, que l’on fait réparer, que l’on revend ou rachète, devient un fil conducteur entre les saisons, entre les usages, entre les générations. La marque devient le compagnon d’un parcours, pas seulement le point de départ d’un achat.

Et pour que cette démarche porte pleinement ses fruits, l’éducation joue un rôle clé : intégrer des éléments pédagogiques dans les communications (newsletter, packagings, fiches produits, réseaux sociaux…) permet de sensibiliser les clients aux bénéfices de la réparation, à l’intérêt de revendre plutôt que jeter, et à la logique globale de circularité. Mieux informé, le consommateur devient plus engagé.

Recyclage : la prochaine frontière

Estimé à 1,6 milliard d’euros en 2030, le recyclage textile devient incontournable. Face à la raréfaction des ressources et aux nouvelles exigences réglementaires, les marques investissent dans les fibres recyclées, les matières biosourcées, et les innovations textiles. L’essor du recyclage est d’autant plus stratégique qu’il s’inscrit dans une dynamique globale de régulation. Aux États-Unis, 66 % des dirigeants retail affirment chercher activement à prolonger la durée de vie des vêtements à travers la réparation, l’upcycling ou la seconde main.

Un changement systémique (et rentable)

Ce qui se dessine, c’est une bascule de modèle : d’un système linéaire “produire, vendre, jeter” à un écosystème cyclique, où chaque vêtement a plusieurs vies. Ce modèle permet non seulement de réduire les externalités négatives, mais aussi de créer de la valeur :

-Nouvelles sources de revenus (revente, services)

-Meilleure maîtrise des marges via l’optimisation des flux

-Image de marque renforcée sur les enjeux RSE

-Réduction des risques réglementaires à venir

La seconde main n’est plus un canal annexe. 47 % des consommateurs affirment qu’ils préfèrent tester une marque via un achat seconde main avant d’acheter du neuf.

Et 42 % des jeunes ont déjà échangé des vêtements contre un bon d’achat auprès d’une marque.

Mais surtout, ces modèles circulaires permettent d’augmenter la valeur à vie du produit (et du client). Un vêtement qui peut être réparé, revendu ou repris devient un actif. Chaque interaction post-achat devient une opportunité de créer du lien, de générer de la valeur, et de renforcer l’engagement client sur le long terme.

Faume, partenaire des marques dans leur virage circulaire

Dans ce contexte, Faume accompagne les marques de mode dans la mise en place de leurs dispositifs circulaires, plateformes de seconde main, programmes de reprise, authentification, logistique inversée, gestion du pricing ou du stock.
En facilitant l’activation concrète de ces modèles, souvent complexes à déployer en interne, Faume joue un rôle de catalyseur entre vision stratégique, réalité opérationnelle et expérience client.

Une mutation exigeante, mais nécessaire

L’étude le rappelle : la circularité demande une transformation profonde des organisations. Il faut repenser les process, former les équipes, investir dans de nouveaux outils (traçabilité, digitalisation, logistique inversée). Mais les bénéfices sont clairs : plus de résilience, plus d’alignement avec les valeurs des nouvelles générations, et plus d’efficacité sur toute la chaîne.

En résumé

La mode circulaire n’est plus une tendance : c’est une recomposition du système.

Les marques qui sauront articuler éco-conception, réparation, réemploi et recyclage auront entre les mains les leviers d’une croissance durable, alignée avec l’époque, et capable de générer plus de valeur client, plus longtemps.

Et avec des partenaires comme Faume, cette transition n’est pas seulement possible : elle est rentable.

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